LE LIVRE
En 2012, l’Académie suédoise décerne au Chinois Mo Yan (1956-) le prix Nobel de littérature, soulignant le «jugement critique» qu’il porte sur la société chinoise contemporaine. Cette attribution suscite aussitôt la polémique. D’un côté, les dissidents chinois accusent Mo Yan d’être un « poète d’État », dont les critiques du Parti communiste chinois (PCC) se limitent à la gouvernance locale et à l’époque maoïste. De l’autre, le PCC lui reproche de vouloir flatter les puissances étrangères en abordant délibérément les aspects sombres de la Chine.
Fils de paysan, Mo Yan poursuit depuis plus de trente ans une œuvre clivante, complexe et moderne. Inscrivant ses œuvres dans la «fiction rurale», dont l’émergence dans la littérature chinoise à l’orée du XXe siècle est perçue comme signe de la modernité littéraire, le présent ouvrage met en perspective l’éclairage sociohistorique de Mo Yan sur la Chine rurale des périodes maoïste et post-maoïste. L’étude des quatre romans les plus significatifs de l’écrivain invite à découvrir la condition paysanne au gré des réformes rurales et des violences de l’histoire chinoise du XXe siècle. La démarche est éclairée par l’analyse de trois principes esthétiques essentiels chez Mo Yan – innovation littéraire, transfiguration littéraire de l’Histoire et autoréflexion – qui ont pour fonction d’empêcher la parole, la sienne y comprise, de devenir normative.

L’AUTEURE
Docteure ès lettres de l’Université de Genève,
professeure de français, Phung TRAN a
consacré sa thèse de doctorat à l’écriture du
monde rural chez Mo Yan.